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L’oraison funèbre dans son integralité ;)

ORAISON FUNEBRE

Prononcée par Philippe COLOMBANI

 Paris, mardi 17 février 2015

En ce jour funeste de vote solennel de la Loi « Macron »

Assemblée Nationale – 1ère lecture

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« À la mémoire de feu « la Formation du Conducteur ,

assassinée à coups d’articles et d’amendements dans le dos. »

 

Mesdames, Messieurs, chers amis,

C’est avec tristesse que nous nous réunissons en ce lieu pour célébrer la mémoire de notre chère « Formation du Conducteur », de la grande famille de l’Education Routière.

Je pense particulièrement à la peine ressentie par ses proches, les 12 000 écoles de conduite et leurs 50 000 salariés, ainsi qu’à ses amis fidèles, les fournisseurs pédagogiques Codes Rousseau, ENPC, EDISER, Planète Permis et tous les autres que je ne peux citer.

La « Formation du Conducteur » œuvraient chaque jour, sans relâche et avec passion, à la formation des futurs conducteurs.

Oui, mes amis, la « Formation du Conducteur » que nous pleurons ici, a été lâchement assassinée par monsieur le ministre MACRON, assisté de messieurs les députés BROTTES et SAVARY, fossoyeurs de cette filière professionnelle si mal aimée des médias et des politiques.

Rappelons-nous la passion qui animait notre regrettée « Formation du Conducteur » :

–         aider les jeunes à passer un examen avec succès et obtenir le permis de conduire ;

–        mais aussi et surtout, rappelons-nous cette obsession à jouer son rôle sociétal, totalement mis au second plan voire « oublié » alors qu’il est majeur et primordial : former des conducteurs responsables et sûrs pour contribuer à réduire la mortalité sur nos routes.

Ramenée au rang d’objet de consommation, la « Formation du Conducteur » est vouée à disparaître. Avec elle disparaîtra ce peuple de l’ombre, formé de ceux qui, pour si peu de revenus et encore moins de reconnaissance, s’engagent avec conscience professionnelle et sens de la pédagogie à transmettre et donner le goût d’une conduite plus assurée, plus responsable, plus citoyenne. Ceux là même qui auront aussi œuvré de façon préventive à la sauvegarde de tant de vies humaines. Mais quelle importance ?

Je veux ici en quelques mots restaurer dignement et avec justice la mémoire de la « Formation du Conducteur », en proclamant haut et fort que la trahison aura joué dans sa mise à mort son rôle, battu son plein, éclaboussant ce cercueil dans lequel gît mortellement la fille aînée de l’Éducation Routière.

Rappelons-nous, mes amis, les promesses entendues du côté de l’Elysée, faites par le ministre de l’Intérieur, monsieur CAZENEUVE.

Rappelons-nous cet engagement fort et prometteur d’une réforme portée dans un élan collectif rappelant nos racines communes de l’« Éducation Routière ».

Rappelons-nous la belle assurance faite : « Ce ne sera pas dans la loi Macron ».

Rappelons-nous aussi les avertissements de hauts fonctionnaires qui nous ont mis en garde contre ceux qui agissaient à notre destruction, derrière les sourires cyniques, les rideaux de velours et sous les ors de la République.

Ainsi en ont décidé ceux qui ont fait de la trahison la pierre angulaire de leur efficacité.

Alors qu’était déjà gravée dans le marbre du mensonge la condamnation de l’Éducation Routière et de ceux qui, comme les auto-écoles, s’étaient rendus coupables d’être ses amis de toujours, nous tentions de rendez-vous en ateliers, de tables rondes en feuilles de route, de trouver par notre collaboration les voies d’un espoir : celui qu’une dose de sécurité routière revienne dans le plan du tout-consumérisme de nos fossoyeurs.

Avec la mort criminelle de notre si bien-aimée « Formation du Conducteur », l’avenir des formateurs à la conduite est scellé, leur précarisation est programmée, leur calvaire commence. Les auto-écoles vont souffrir de tout ceci ? Simple dégât collatéral aux yeux de ceux qui voient le permis de conduire à l’identique d’une paire de chaussures, d’une place de concert ou d’une appli téléchargée : un acte d’achat qui sera d’autant plus jouissif qu’il ne lui faudra plus qu’un seul clic, pas celui de la ceinture mais celui de la souris.

Bafoués et honteusement trahis, nous avons atteint les limites de la confiance en même temps que celles de la survie. Et pourtant, blessés mortellement, nous ne lâcherons pas ! Nous continuerons la mobilisation et le combat de la juste cause de celle que nous pleurons aujourd’hui : la « Formation du Conducteur ».

Disparaît « Formation du Conducteur »., avec ton terrible cortège de dépôts de bilans et de licenciements,

Disparait « continuum éducatif à la sécurité routière » et avec toi les espoirs d’éducation de nos jeunes au risque routier.

Disparaît avec le cortège de ceux qui ont œuvré avec toi, ceux de l’ombre, secrétaires et moniteurs.

Disparait avec la conduite accompagnée, sauvagement brutalisée par les agents du consumérisme.

Disparait et laisse la place au consumérisme tout puissant.

Disparait et laisse le dieu Argent prendre ta place pour le profit d’une poignée d’individus avides de richesse.

Maintenant mes amis je vous propose de nous recueillir devant le cercueil de notre regrettée « Formation du Conducteur »(voir la vidéo). Paix à son âme.

Et que ceux qui l’ont assassinée une nuit de débat à l’Assemblée Nationale s’en repentissent à jamais… Et soient privés de chauffeur. Alors ils sauront enfin ce que veut dire conduire. Et regretteront peut-être d’avoir tué la « Formation du conducteur ». Mais nous allons te ressusciter !

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