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Déclaration Liminaire 10/10/14

INTERVENTION DE PHILIPPE COLOMBANI, PRÉSIDENT DE L’’UNIC

Vendredi 10 octobre 2014

 

Mesdames, Messieurs,

Voilà plusieurs mois que la question du devenir de l’apprentissage à la conduite est au cœur de nos réflexions, de nos échanges, puis au centre de débats publics plus ou moins bien inspirés grâce aux sorties tonitruantes de quelques politiques en mal de positionnement, ou de jeunes « apprentis entrepreneurs » à l’intention certes sympathique mais totalement déconnectée de la réalité de notre profession.

Je voudrais ici de suite préciser ma pensée, ou plutôt celle d’une grande partie des professionnels que j’ai l’honneur de représenter ici.

La question de l’apprentissage à la conduite est à poser. Elle est une des préoccupations majeures des français qui veulent pouvoir vivre simplement, avoir des activités, un travail, voyager, et donc se déplacer en voiture ou à moto, en poids lourds ou en cyclomoteur, sur les routes, les autoroutes, dans les rues de nos villes et de nos villages. Pourquoi rappeler ce qui paraît une banalité ? Parce que derrière la réforme souhaitable de l’apprentissage à la conduite, il faut redire que le premier enjeu est bien le futur conducteur qui est pour nous à la fois :

– un élève qui a le droit d’acquérir un savoir pour sa propre sécurité ainsi que celle de la collectivité ;

et

– un client qui a le droit de passer un examen sanctionnant son travail et validant son savoir être et conduire.

 

OUI, il y a bien un DROIT à la conduite, devenu quasiment indispensable à toute personne dans ce pays. Et c’est en appréciant ce droit et en le plaçant au cœur de la réforme que nous réussirons à avancer ensemble. Vous nous demandez une réforme de grande ampleur, mais de votre côté vous réformez à petits pas, niant ainsi le droit à l’examen pour le candidat.

La profession est à un tournant. Une remise en question est nécessaire. Il nous faudra évoluer. Camper sur des positions rigides en refusant tout changement, c’est aller à la catastrophe parce qu’ignorer que nous devons être tournés vers celui qui veut, qui doit apprendre à conduire.


Mais cela ne peut se faire :

– ni de façon unilatérale en ne demandant finalement qu’aux écoles de conduite de changer, de porter, de supporter même les évolutions qui nous concernent tous,

– ni de façon injuste en mettant au pilon notre expérience de pédagogues et de chefs d’entreprises, et au pilori une profession qui souffre déjà beaucoup de la conjoncture et d’une image dégradée par des attaques disproportionnées.

 

Nous ne pourrons pas accepter que les négociations en cours soient réduites aux seules questions des tarifs et contrats. Cette approche réductrice est inacceptable et ne peut qu’aboutir à un blocage puissant. Permettez-moi d’insister : si nous sommes disposés à faire évoluer notre mission, cela ne pourra pas se faire en ignorant dans la réforme les aspects liés à l’enseignement et aux conditions d’examens. Autant de questions qui ne trouveront de réponses durablement efficaces qu’à la condition de vouloir sincèrement la création d’un véritable droit à l’examen pour les jeunes. Où serait l’équilibre entre les devoirs et les droits de l’élève, sans la création de ce droit à l’examen ? Comment justifier l’absence de ce droit et donc ce déséquilibre alors que l’on demande, dans les contrats, un juste équilibre ?

Tout ceci pourrait constituer, si nous tombions enfin d’accord, une plateforme commune à partir de laquelle nos réflexions pourraient repartir dans la confiance.

Mais voilà… Comment voulez-vous que cela soit possible ? Cette confiance vient d’être une nouvelle fois gravement mise à l’épreuve par cet entretien qu’a accordé l’Elysée aux créateurs d’Ornikar, qui plus est, le jour même de la première de nos réunions de travail ! Plus qu’un symbole, c’est un très mauvais message envoyé à une profession qui se sent méprisée, insultée et déconsidérée là où elle serait en droit d’attendre plus de reconnaissance et d’écoute par les pouvoirs publics, par les responsables politiques nationaux de ce pays. Est-il sérieusement envisageable que deux jeunes aventuriers qui n’ont sans doute pas conscience des conséquences de leur initiative sans avenir, soient reçus à la Présidence de la République, et que les organisations professionnelles soient ignorées ? Non, c’est impensable et inconvenant. Inacceptable, même !!

Aussi, je demande que les organisations professionnelles soient reçues sans délai par le cabinet du Président de la République afin d’obtenir des éclaircissements et surtout des garanties quant au devenir et à la pérennité de notre profession. Et devant la gravité de la situation, je demande une suspension de séance immédiate afin que nous soyons assurés que ce contact soit établi et le rendez-vous pris.

 

Philippe COLOMBANI

Président de l’UNIC

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